- On estime à 826 milliards d’Euros le montant des créances douteuses au bilan des banques européennes sous surveillance du MSU
- Le montant des prêts non-performants est similaire à celui révélé lors de l'évaluation globale de la Banque Centrale Européenne (BCE) en 2014
- Les créances douteuses varient fortement entre les pays ; l’Italie, l’Espagne, la France et la Grèce ayant des montants élevés.
- Les banques grecques, autrichiennes, portugaises, italiennes et chypriotes sont susceptibles d'être soumises aux plus grandes contraintes dans un futur test de résistance
Des données fournies par Linklaters indiquent que, depuis la mise en œuvre du MSU de la BCE le 4 novembre 2014, le montant des prêts non-performants dans les banques qu'il supervise reste élevé, n’ayant diminué que légèrement de 841[1] à 826[2] milliards d’Euros. Le rapport entre les créances douteuses et les actifs de ces banques a de même peu diminué, passant de 4,13% (fin 2013) à 3,92% (S1 2015).
Les banques ont annoncé des plans pour réduire les portefeuilles de créances douteuses et l’appétit pour les prêts non-performants est soutenu, les investisseurs ayant au moins 40 milliards d’Euros[3] à investir dans ce type de situations de détresse. Mais la recherche suggère que les créances douteuses dans certains pays sont en constante augmentation, freinant la rentabilités des banques et la confiance du marché. La lutte contre ces risques crédit sera une priorité clé pour le MSU in 2016.
"Au cours de sa première année de fonctionnement, le MSU a progressé à grands pas pour établir la crédibilité du système bancaire européen. L'évaluation globale a permis d'identifier les problèmes des bilans des banques et a clarifié l’amplitude des prêts non-performants. Mais ceux-ci restent un problème persistant, en particulier en Europe du Sud ", dit Andreas Steck, un associé réglementaire chez Linklaters.
Les banques européennes auraient besoin de 400 milliards d’Euros de ventes supplémentaires de créances douteuses pour égaler les banques américaines
Depuis 2011, les prêts improductifs dans le secteur bancaire américain ont continué à diminuer. La croissance économique a été un facteur clé de cette divergence avec l'Europe, mais l’analyse de Linklaters montre que les banques européennes sous surveillance du MSU devraient réduire leurs créances douteuses de 400 milliards d’Euros supplémentaires pour atteindre les niveaux observés actuellement outre-Atlantique. Bien que les Etats-Unis aient bénéficié d'un certain nombre de facteurs économiques, institutionnels et politiques, les régulateurs ont également fourni des directives réglementaires détaillées sur le traitement des abandons de créances qui ont favorisé la diminution des prêts non-performants.
Steck dit que « la BCE travaille visiblement dur afin de résoudre le problème des créances douteuses. Un groupe de travail est en place pour gérer ces prêts et nous allons être témoins un engagement plus fort avec les autorités nationales compétentes et les banques afin de veiller à ce que d'autres mesures soient prises avant le test de résistance de l'année prochaine ".
Les banques grecques, autrichiennes, portugaises, italiennes et chypriotes seront soumises aux plus grandes pressions dans les tests de résistance a venir
Dans le cadre de l'évaluation globale et du « stress test », les banques ont été tenues de maintenir un taux de fonds propres de catégorie 1 (Common Equity Tier 1, CET1) de 8% minimum dans le scénario de base et un taux CET1 minimum de 5,5% dans le scénario défavorable. Linklaters a créé son propre « stress test »[4] pour les banques européennes qui prend en compte des critères construits sur les actifs pondérés en fonction des risques (risk-weighted assets, RWA) et les dépréciations. Les résultats suggèrent que les banques grecques et autrichiennes seraient soumises aux plus grandes pressions dans le scénario défavorable avec un taux CET1 médian inferieur à 7%.
Dans le cadre du scénario défavorable, les taux d’actifs pondérés en fonction des risques des banques grecques, autrichiennes, portugaises, italiennes et chypriotes restent également élevés, en moyenne à66%, ce qui indique qu’un désendettement additionnel sera nécessaire. Collectivement, les banques de ces cinq pays n’ont cédé que 5 milliards d'Euros[5] d’actifs non-stratégiques depuis le test de résistance de l’an dernier.
"Depuis le test de résistance, les banques ont défini leur besoin en capitaux sous la lentille des objectifs récents du MSU. L’an prochain, le MSU regardera de près la qualité de ce capital et il sera intéressant de voir la manière dont ils prendront en compte les actifs d'impôts différés envers le capital des banques ", explique Edward Chan, un associé bancaire chez Linklaters.
1] Chiffres tirés des données du stress test de la BCE en 2014. Sont définis comme créances douteuses la portion relative au crédit des NPEs des données BCE.
[2] Chiffres tirés des dernières données de Bloomberg, S&P Capital IQ, les rapports annuels et présentations trimestrielles des banques
[3] Données Preqin
[4] Le test de résistance de Linklaters est construit sur les actifs pondérés en fonction des risques, le taux de dépréciation par rapport à ces actifs pondérés, et les données bancaires de 2014 et S1 2015 afin d’obtenir une estimation des capitaux additionnels à lever
[5] Données Mergermarket